C'est amusant, parce que quand j'ai raconté à mon ami Thaï ton histoire d'arbre et de fruit à prendre ou à vendre, il m'a dit que c'était normal de se servir du moment que cela ne sert à personne. Enfin, normale pour un Thaïlandais. Sur le fond, je suis bien d'accord avec lui. Parce que finalement, rien ne t'empêche de faire pareil. Sur la forme, oui, il y a la notion de propriété. Personnellement je n'ai pas du tout cet esprit. En fait je ne le comprends pas bien. Pour moi, si j'achète quelque chose, j'en ai momentanément (au plus le temps de ma vie) et partiellement (je ne me sers pas à 100 % de la chose) la jouissance. Mais cela m'amuse plutôt de penser que des gens profitent de ce qui est chez moi, si cela ne me dérange pas. Par exemple, j'habite chez ma mère qui a une petite maison en banlieue de Lyon. Le long de la rue, il y a des espaliers de pommiers hors d'âge, mais ils font tout de même de belles pommes tous les ans. 8 sur 10 sont véreuses parce que je ne les entretiens pas. J'en récolte tout de même pour en croquer fraiche ou pour faire un peu de compote. Mais comme nous ne sommes que deux, il est impossible de les manger toutes. Parfois je vois des jeunes en chiper et se sauver. Ca m'amuse énormément, parce que je suis heureux qu'ils aiment ces pommes et que je ne demande pas mieux qu’ils s’en régalent. J'espère juste qu’ils ne les mangent pas sans avoir vérifié au préalable qu'elles sont saines. En tout cas, elles sont 100 % bio ! Quand j'ai un appartement, il y a souvent chez moi des copains sans logement, ou en vacance que j'héberge. Je ne leur fais rien payer. Du moment qu’ils sont sympa et qu’ils respectent mon intimité et le calme, tout baigne. Mon rêve serait d'avoir une grande maison avec des amis de ce type qui viennent et partent quant ils veulent. C’est la même chose pour les animaux. Les chats et parfois les chiens du quartier viennent chez moi. Ils rentrent, s’installent dans le jardin, le garage et quand j’avais mon appart même sur mon lit, y compris en mon absence. Au début, ils sont farouches et se sauvent quand je rentre. Au bout d’un moment, comme ils constatent que je ne les chasses pas mais qu’au contraire je leur parle gentiment, voir que je les caresse, alors ils restent tranquilles là. Ils repartent pour retrouver leur maison et manger, parce que, végétarien, je ne leur donne jamais de viande. A une période, j’ai même mis au point de la nourriture pour chats « végétariens » suivant de recettes bien validées. Ca me faisait rire qu’ils goutent mes mixture et qu’ils deviennent ainsi sans le savoir vertueux vis-à-vis des veaux, lapin, cochon et autres poissons. Tu vois, pour moi, la propriété est relative.