La Thailande, aujourd’hui majoritairement bouddhiste, a connu à l’époque historique presque toutes les formes de religion générées et diffusées par l’Inde. Toutes ces religions coexistèrent sans conflits avec celles pratiquées par les étrangers résidants comme l’islam, le christianisme, le confucianisme chinois ou l’animisme des autochtones qui, probablement perdurent encore de nos jours.
De toutes ces religions, le bouddhisme Theravada va prévaloir en Thailande, où cette doctrine est aujourd’hui un style de vie à part entière, un système religieux et philosophique fortement ancré dans l’histoire et la culture du pays.
La naissance du bouddhisme
Le bouddhisme fut fondé par Siddhârta Gautama en 556 avant l’ère chrétienne. On trouve de nombreux récits de sa vie, tant aussi bien dans des textes bouddhistes que dans des romans ou récits rapportés partout dans le monde. Fils du roi Suddhodana et de la reine Mayadevi, ce jeune Bodhisattva, destiné à succéder à son père, connut une vie d’insouciance et de plaisirs jusqu’à ce qu’il découvre l’existence de la souffrance lors d’une de ses excursions hors du Palais. Bouleversé par cette prise de conscience, il abandonna le destin souhaité par son père pour s’engager dans une vie d’ascète afin de trouver une solution pour libérer tous les êtres de la souffrance. C’est sous l’arbre de la Bodhi que Siddhârta atteint l’état d’Éveil, de pleine réalisation. Par la suite, il enseigna à ses disciples le Dharma « les quatre nobles vérités », voie spirituelle permettant de se détacher de la souffrance et d’atteindre l’éveil. Toutes les différentes écoles du bouddhisme dans le monde s’appuient sur cet enseignement.
Les trois grands courants spirituels
Les quelque 5OO millions de bouddhistes d’Asie se répartissent en un grand nombre d’écoles, qui se différencient principalement sur les moyens d’atteindre l’Éveil.
Les écoles du Theravada (ou Hinayana)
Cette « doctrine des anciens » s’en tient à la stricte application du canon appelé Pali. Les écoles du Theravada insistent particulièrement sur la pratique d’une éthique personnelle rigoureuse et reposent sur trois piliers :
- Les tous premiers enseignements que Bouddha a transmis à ses disciples (sutras)
- Les traités et commentaires relatifs à ces enseignements (abhidharma)
- Les règles de la vie monastique (vināya)
Les écoles du Mahayana
Aussi appelé « Grand Véhicule », le Mahayana insiste sur l’idée que le cheminement vers l’Éveil doit être fondé sur l’altruisme. A travers des discours de sagesse appelés « sutras », les bouddhistes des écoles du Mahayana recherchent la libération spirituelle de tous les êtres.
Le Mahayana connaîtra un développement considérable en Chine. Au Japon, il donnera naissance au Zen, et au Vietnam, au Thiên.
Les écoles du Vajrayana
Aussi appelé « Véhicule du diamant », le Vajrayana se fonde sur l’éthique du Theravada et l’altruisme du Mahayana, proposant une voie plus directe vers l’Éveil. Le Vajrayana s’est répandu au Tibet au sein de quatre grandes écoles : Nyingmapa, Sakyapa, Kagyupa, et Gelupa, en Mongolie, en Indonésie et au Japon.
Selon les Tibétains, le Vajrayāna a été enseigné par le Bouddha Sakyamuni qui a donné trois types d'instructions spirituelles visant à libérer les êtres sensibles de la souffrance et à les conduire à la plus haute perfection de l’esprit : l’Eveil.
Le Bouddhisme en Thaïlande
Le bouddhisme Theravada apparaît en Thaïlande au Vème siècle, environ 95 % de la population Thaïlandaise le pratique aujourd'hui. Il s’y développe dans le royaume Mön de Dvaravati. Au XIIème siècle, le Roi Rama Kamheng du Royaume Sukhothai se convertit au Theravada et déploya son énergie au service du bouddhisme. Au siècle suivant, le roi Lu Thaï invita les moines birmans à introduire l’ordination à Sukhothai et devint moine lui-même. Dès lors et jusqu'à nos jours le bouddhisme thaï sera exclusivement Theravada.
La doctrine Theravada insiste sur les trois aspects principaux de l’existence :
- La dukkha (satisfaction impossible - souffrance)
- L’anatta (non-existence d’un soi)
- L’anicca (Nature éphémère de toute chose)
Les bouddhistes thaïlandais
La finalité du bouddhisme est le nibbana (nirvana en sanskrit), ou l’extinction de toute cupidité et donc de toute douleur. C’est aussi la fin du cycle des renaissances qui constitue l’existence conditionnée (appelée le samsara). En réalité, la plupart des thaïlandais aspirent plutôt à une meilleure renaissance qu’au but suprême de briser ce cycle.
Selon la doctrine bouddhiste, le karma désigne le cycle des causes et des conséquences lié à l'existence des êtres. En nourrissant les moines, en faisant des dons aux temples et en accomplissant fidèlement leurs dévotions, ils espèrent acquérir assez de mérite (de karma positif) pour améliorer leurs renaissances. Conformément aux enseignements du Bouddha, les moines thaïlandais pratiquent l'ascétisme. Tous les matins, ils vont chercher leur nourriture auprès des habitants et des commerçants vers 6 h du matin, débute ensuite une journée au programme bien ordonné.
Les trois joyaux
Le tiratana (Trois Joyaux), hautement respecté par les bouddhistes thaïlandais, comprend le Bouddha, le Dharma (les enseignements), et la Sangha (la communauté religieuse). Les thaïlandais vénèrent aussi de nombreuses divinités hindoues, et conservent diverses croyances animistes (croyance attribuant aux choses une âme) et superstitieuses. Par exemple, de nombreux Maîtres fabriquent des amulettes magiques et les distribuent à leurs disciples ou les vendent afin financer l'entretien du Temple, des travaux ou divers projets charitables.
Le renouveau du bouddhisme en Thaïlande
On assiste aujourd’hui au renouvellement du bouddhisme en Thailande. Un bouddhisme mélangeant la modernité et la tradition prend forme, donnant ainsi une valeur sociale aux « quatre pensées illimitées » (la bienveillance, la compassion, la joie sympathique et l’équanimité). Tew Bunnag, écrivain, met en garde contre l’incompatibilité entre vie intérieure et vie extérieure, entre exigence du quotidien et celles de la vie spirituelle. Malgré cela, de nombreux thaïlandais ont renoué avec les racines du bouddhisme et il renait jusque dans les zones urbaines, davantage influencées par la culture occidentale et l’économie. Le bouddhisme affirme aujourd’hui avec force, son idéal de justice et de respect de l’homme, n’hésitant pas à s’engager dans les conflits politiques et sociaux.
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